Quelle CIA sous William J. Burns ?

Le Sénat américain a unanimement choisi William J. Burns pour restaurer les liens de l’agence de renseignement avec ses partenaires fédéraux du premier cercle, les affaires étrangères, le Congrès, mais surtout la défense qui a récemment menacé de couper son soutien à ses opérations anti-terroristes.

Issu de la diplomatie, Burns a néanmoins créé et maintenu des liens étroits avec le monde du renseignement tout au long de sa carrière de plus de trente ans au sein du Foreign Service. Fin connaisseur du Moyen-Orient depuis ses début en Jordanie dans les années 80 où il s’est rapproché de Matthew Gannon, jusqu’à son retour à Aman comme ambassadeur (1998-2001) où il côtoie Robert Richer comme chef de station, le diplomate fait partie des cadres de l’administration Obama rappelés pour cimenter l’équipe « Moyen-Orient » de l’administration Biden.

Bien que régulièrement critique de l’administration précédente, notamment après l’assassinat du Major General iranien Qassem Suleimani, Burns occupait depuis 2015 les fonctions de conseiller principal du fond de pension Blackstone dont le président directeur général, Stephen Schwarzman, s’est avéré être l’un des principaux soutiens au candidat Trump.

Proche des directeurs Georges Tenet au début des années 2000 lors des accords israélo-palestiniens, puis John Brennan sur le nucléaire iranien, Burns est récipiendaire de la médaille Seal, récompensant ses apports significatifs au renseignement américain.

L’action secrète ne remplace pas la politique. Elle la renforce.

Henry A. Crumpton, The Art of Intelligence.

Contrairement à Gina Haspel pendant l’ère Trump, Burns ne sera pas membre du cabinet du président américain. Plus que d’agir comme un « super-espion », le D/CIA a pour rôle principal de traduire les données recueillies (raw intelligence) en renseignement décisionnel (actionable intelligence) au profit de l’exécutif. Personnellement conscient de la valeur qu’apporte une information de qualité à la prise de décision en politique étrangère, on peut raisonnablement s’attendre à ce que le nouveau directeur recentre l’agence sur ses missions de recueil, d’analyse et de dissémination plutôt que sur des opérations cinétiques en territoire étranger.

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