Nettement moins connu que le personnage de fiction avec lequel beaucoup lui trouvent d’étranges ressemblances, Sir William Stephenson (1897-1989) est l’un des officiers de renseignement les plus emblématiques de la Seconde Guerre mondiale.
Né à Winnipeg (Manitoba), sa vie est tout entière assez peu banale : né sous le nom de William Samuel Clouston Stanger, abandonné par ses parents biologiques et confiés aux Stephenson, il quitte assez tôt l’école pour rejoindre les Forces canadiennes à l’aube de la Première Guerre mondiale, avant d’être recruté par le Royal Flying Corps britannique comme pilote de chasse. Abattu en vol, il est fait prisonnier avant de s’évader en octobre 1918.
Rendu à la vie civile, il quitte le Canada pour retourner en Grande-Bretagne où il devient un homme d’affaires prospère, opérant dans la construction d’appareils de radio, d’avions et d’automobiles.
Dès 1936, grâce à son réseau international de contacts, il alimente Winston Churchill en informations sur la montée en puissance de l’armée allemande, en violation du Traité de Versailles.
Quatre ans plus tard, le premier ministre le choisit pour établir un bureau de liaison clandestin à New-York, la British Security Coordination. Stephenson insiste immédiatement auprès de l’administration américaine pour la création d’un poste de coordonateur pour l’ensemble du renseignement collecté à l’étranger. Convaincu de l’intérêt de la fonction, le président Roosevelt ouvre à l’été 1941 le Coordination of Information (COI) office qu’il confie à William Donovan avant de le transformer en OSS, l’ancêtre de la CIA, en juin 1942.
De son côté, Stephenson est à l’initiative de Camp X, la première école pour agents clandestins issus du SOE britannique, du FBI et de l’OSS américains. Implantée en Ontario, et opérée conjointement par les Forces canadiennes et la Gendarmerie Royale en lien étroit avec le MI-6 britannique, elle forme de 1941 à 1944 un grand nombre d’opérateurs aux techniques de recueil de renseignement, de sabotage, de radio-transmission et de codage, de subversion et d’assassinat discret. On rapporte que l’école était tellement secrète que même le premier ministre du Canada de l’époque, William McKenzie King, ne savait pas tout ce qu’il s’y passait.
En 1946, Stephenson devient le premier citoyen étranger à recevoir la plus haute distinction civile américaine, la Medal of Honor compte-tenu de la contribution essentielle qu’il a apporté à la création du renseignement américain.
Je ne sais pas pour vous, mais je trouve que son pseudo d’Intrepid était particulièrement bien trouvé. Pour la petite histoire, Stephenson et Ian Fleming, le père de James Bond, étaient assez proches pour que l’on s’interroge sur la ressemblance entre le nom de code de l’agent britannique et le matricule militaire de Stephenson, 700758.
Mais peut-être n’est-ce que pure coïncidence…